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Date : 28-07-2023 15:57:14
Un patron français a livré des informations sensibles aux Chinois et aux Russes Article de Hugo Romani pour Le Point avec AFP • Hier à 14:40
Spécialisé dans la création de puces électroniques à semi-conducteur, Ommic est l'un des fleurons de l'innovation à la française.
Mais si l'entreprise se retrouve aujourd'hui sous le feu des projecteurs, ce n'est pas pour ses prouesses technologiques, mais pour une possible infraction de son patron.
Marc R. a en effet été mis en examen pour « livraison à une puissance étrangère de procédés, documents ou fichiers de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », nous apprend Le Parisien. En conséquence, il encourt une peine de quinze ans de réclusion.
Marc R. est suspecté d'avoir livré des puces électroniques à la Chine. Ces dernières sont notamment utilisées dans les radars militaires, les avions de chasse ou encore les systèmes de guidage des missiles.
Le 8 janvier 2021, un premier chargement affrété vers la Chine est intercepté à la douane avec en son sein 844 semi-conducteurs.
Des analyses permettent de voir qu'Ommic a dissimulé la réelle puissance des puces, pour ne pas avoir à subir la loi sur la réglementation sur les biens à double usage.
En novembre 2022, le Parquet national antiterroriste charge la DGSI d'enquêter sur les pratiques de l'entreprise, complète Le Parisien.
Après une enquête, menée avec l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière, il apparaît que OMMIC appartient désormais à Ruodan Z., détenteur de 94 % des parts de l'entreprise.
Or, cet homme est directement lié à l'industrie de la défense chinoise. Les risques d'ingérence étrangère s'en retrouvent d'autant plus grands.
L'industriel est d'ailleurs dans le viseur de la justice française : il détient également des parts dans une entreprise lilloise spécialisée dans les nanotechnologies.
Chez Ommic, Ruodan Z. n'apparaît pas.
Il utilise Marc R., un ex-ingénieur français, comme « homme de paille », plaçant aux postes stratégiques, sa femme ou ses enfants.
En réalité, la DGSI soupçonne Ruodan Z. de vouloir transmettre en Chine un savoir-faire jusqu'alors inconnu, notamment la technologie GaN, sur laquelle repose tout le matériel militaire français depuis cinq ans.
De plus, le directeur d'Ommic souhaiterait acheminer ce matériel vers la Russie en mettant en place un montage financier afin de contourner l'embargo militaire régnant entre la France et la Russie.
Ces puces et ces procédés seraient alors arrivés dans les composants militaires russes.
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