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Date : 05-02-2025 20:11:38
TVA : Bayrou condamne à mort des milliers d’auto-entreprises
Article de Paolo Garoscio • 13 h • 6 min de lecture
Un coup de massue fiscal sous couvert de rigueur budgétaire
Depuis le 1er janvier 2025, le seuil de franchise de TVA pour les auto-entrepreneurs a été drastiquement abaissé.
Finie l’exonération jusqu’à 37 500 euros de chiffre d’affaires annuel. Désormais, à 25 000 euros, il faudra facturer et reverser la TVA à l’État.
Une mesure qui touche plus de 250 000 micro-entrepreneurs et bouleverse l’équilibre fragile de ces indépendants.
Le gouvernement justifie cette décision par la nécessité de réduire le déficit public, qui doit passer de 6,1 % à 5,4 % du PIB en 2025.
Pourtant, derrière cette volonté affichée de rééquilibrer les comptes de l’État, c’est une nouvelle contrainte administrative et financière qui vient fragiliser les auto-entrepreneurs, déjà soumis à de nombreuses charges.
François Bayrou, à la tête du gouvernement, défend cette réforme comme une nécessité pour rétablir l’équité entre les auto-entrepreneurs et les entreprises traditionnelles soumises à la TVA.
Mais pour les premiers concernés, l’impact est dévastateur.
L’application de cette nouvelle règle entraîne une augmentation automatique des tarifs pratiqués par les auto-entrepreneurs.
Ceux qui souhaitent conserver leur marge bénéficiaire devront facturer 20 % plus cher à leurs clients.
Cela signifie qu’un consultant indépendant, qui facture habituellement 2 000 euros par mois, devra dorénavant proposer ses services à 2 400 euros TTC.
La même situation se présente pour un artisan ou un prestataire de services qui, auparavant exonéré de TVA, devra désormais justifier cette hausse auprès de sa clientèle.
Pour beaucoup, ce surcoût risque de devenir un frein à l’embauche d’indépendants.
Les particuliers, qui constituent une grande part de la clientèle des micro-entrepreneurs, ne peuvent pas récupérer la TVA et pourraient être tentés de se tourner vers des alternatives moins onéreuses.
Certains indépendants choisiront peut-être d’absorber la TVA plutôt que d’augmenter leurs tarifs, mais cela signifie une perte directe de marge de 16 % à 20 %, rendant leur activité nettement moins rentable.
Le problème se pose particulièrement pour les professions du conseil, de la formation, de l’accompagnement personnel et du BTP.
Ces secteurs, qui fonctionnent largement grâce à des micro-entrepreneurs, sont les plus menacés.
Pour certains, cette réforme signera purement et simplement la fin de leur activité.
L’un des grands atouts du statut de micro-entrepreneur était jusqu’à présent sa simplicité administrative.
Ce régime permettait de déclarer son chiffre d’affaires de manière rapide, sans obligation de facturer la TVA ni de tenir une comptabilité complexe. Avec cette réforme, tout cela change.
Désormais, les auto-entrepreneurs devront déclarer et reverser la TVA tous les six mois, une obligation qui les contraindra à s’organiser comme une entreprise classique.
Beaucoup d’indépendants vont devoir faire appel à un expert-comptable, ce qui représente un coût supplémentaire non négligeable pour des travailleurs dont les revenus sont souvent modestes.
À cela s’ajoute la nécessité de modifier l’ensemble des factures et devis émis aux clients, d’expliquer cette nouvelle tarification et d’intégrer dans leur gestion de trésorerie une TVA qu’ils devront reverser à l’État avec un décalage pouvant créer des tensions financières.
En somme, ce qui était un statut accessible et flexible devient un véritable parcours du combattant administratif, rendant plus compliquée l’exercice d’une activité indépendante.
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