FESTIVAL LUMIERE
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EDOUARD BAER est l un des invité du Festival 2021
avant premiere en sa présence
Le film : Mademoiselle de Joncquière, initialement programmé est remplacé par Adieu Paris !
au comoedia le lundi 11 octobre
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Un vieux bistro parisien. Huit messieurs d’un certain âge à table. Un rituel qui remonte à des décennies. Un dernier carré de hussards, de grognards. De la tendresse et de la cruauté. Un sens de l’humour et de l’autodérision intacts. Huit grandes figures. Des trésors nationaux. Des chefs-d’œuvre en péril. Les derniers des Mohicans. Huit vieux amis qui se détestent et qui s’aiment. Et qui sont pathétiques. Et qui sont irrésistibles. Des fous de la vie. Qui vont mourir. Et qui rient. Du panache. De l’esprit. De l’effondrement. Des retrouvailles et des adieux.
En choisissant La Closerie des lilas, depuis plus d’un siècle vénérable repaire des intellectuels parisiens, Édouard Baer situe immédiatement les héros de son petit théâtre (car même s’il s’agit d’un scénario original, le film est construit comme une pièce à huis clos, en deux actes et un épilogue) : on est dans l’entre-soi, écrivains, polémistes, théâtreux, plasticiens, tous compagnons de jeunesse, tous « arrivés » même si pas tous au même degré de notoriété. Ce qui justifiera, sous les apparences de l’amitié la plus fidèle et de la connivence la plus affichée, les aigreurs qui remontent, les cicatrices d’amour-propre mal refermées, les non-dits et les déballages tardifs.
Sept convives, au minimum septuagénaires – en réalité huit, mais ce huitième ne viendra pas (un Depardieu impérial, à qui il suffit de quatre courtes scènes presque muettes pour que son absence pèse sur tout le film) – qui se réunissent une fois l’an pour faire le point, vérifier leur état, le nombre de médicaments qu’ils doivent avaler, évoquer leur bon vieux temps et les salves d’avenir qu’il leur reste à tirer. On sent le danger de l’exercice pour l’auteur : verser dans la caractérisation forcément schématique – 105 minutes, c’est court pour tracer huit portraits fouillés – ou le film à clés, invitant à mettre des noms réels sur les personnages. Autre danger, l’aspect Mes meilleurs copains en période pré-Ehpad, entre arthrose et Alzheimer, rien de très alléchant.
En définitive, tous ces dangers sont écartés. Car Baer, acteur lui-même et remarquable, aime ses marionnettes et a su les diriger sur le fil : on se trouve devant un festival de comédiens en liberté, si justes et vrais qu’ils donnent l’impression d’improviser, alors que les dialogues sont réglés au millimètre. Du psychodrame initial (Benoît Poelvoorde exclu du cénacle et qui devra observer les ripailleurs depuis le comptoir, consolé par Jean-François Stévenin en patron de La Closerie) au psychodrame final (on n’en dira rien), entre les propos vipérins de Daniel Prévost et la philosophie désabusée de Jackie Berroyer, les règlements de comptes feutrés et l’esquive devant l’addition, on perçoit le plaisir qu’ont eu tous ces acteurs, qui n’ont plus rien à prouver, à se glisser chacun dans le costume que le réalisateur leur a taillé. Sans que jamais le brio de l’exercice prenne le pas sur la dimension humaine : ils sont tous attachants et pitoyables, ridicules (un peu) et grandioses (parfois). Un régal.
Adieu Paris
France, 2021, 1h45, couleurs
Réalisation Édouard Baer
Scénario Édouard Baer, Marcia Romano
Production Artémis Productions, Les Films en Cabine, BeTV, Cinéfrance
Interprètes Pierre Arditi, Benoît Poelvoorde, François Damiens, Jackie Berroyer, Gérard Depardieu, Bernard Le Coq, Daniel Prévost, Jean-François Stévenin, Bernard Murat, Isabelle Nanty, Léa Drucker, Ludivine Sagnier
Sortie en salles le 26 janvier 2022