Dans le cadre de
la rétrospective Douglas Sirk
l' INSTITUT LUMIERE
programme
LE TEMPS D'AIMER ET LE TEMPS DE MOURIR
2H12
avec
John Gavin, Liselotte Pulver, Jock Mahoney, Don DeFore,
synopsis
1944. Alors qu'il revient dans sa ville natale pour une permission de trois semaines, Ernst Graeber, jeune soldat allemand envoyé sur le front russe,découvre que sa maison est détruite et que ses parents ont disparu, et rencontre Elisabeth Kruse, dont il tombe amoureux. Mais la guerre qui continue va bouleverser leur histoire...
Autour du film:
Dans l'introduction à un ouvrage consacré à des entretiens avec Douglas Sirk, Jon Halliday rappelle que
le réalisateur s'est résolu à quitter l'Allemagne en 1937 .
Il lui est désormais impossible de revoir son enfant,
retenu par sa première épouse acquise aux idées nationales-socialistes dès 1927.
Engagé sur le front russe, son fils Klaus Detlef y est porté disparu au printemps 1944, puis déclaré mort.
« Sirk transforma Le Temps d'aimer et le temps de mourir […] en une reconstitution imaginaire des dernières semaines de son fils, et y projeta son angoisse — et son espoir — et son désespoir.
Après la guerre, le réalisateur fit une tentative infructueuse pour revenir travailler en Europe. Il passa un an à essayer de découvrir ce qui était arrivé à son garçon, suivant des pistes et inspectant des bulletins (scènes qu'il a transposées dans l'Allemagne en guerre du Temps d'aimer…) », écrit Jon Halliday1.
Élément original par ailleurs, l’auteur du roman à l’origine du scénario, Erich Maria Remarque, joue le rôle du professeur Pohlmann ; il s’agit de la seule apparition de l’écrivain dans un film, alors que, par ses œuvres littéraires, il a participé à l’écriture de nombreux scénarios de cinéma.
Le film a été tourné en Allemagne, avec une distribution en partie allemande.
critique
à propos de ce film Patrick Brion a écrit dans télérama:
« Ce film marque la rencontre bouleversante de Douglas Sirk et d'Erich Maria Remarque, l'auteur de À l'Ouest, rien de nouveau.
Une osmose exceptionnelle s'est créée entre Sirk, le romantique, et Remarque, le pacifiste.
Le Temps d'aimer et le Temps de mourir constitue l'une des œuvres les plus déchirantes et les plus intenses, sur la folie et l'absurdité de la guerre. “Ce qui m'a intéressé — devait déclarer Sirk — c'est ce décor de ruines et ces deux amants.
Cette histoire d'amour est inhabituelle.
C'est un film qui est très proche de mes idées,
particulièrement par sa description de la brièveté du bonheur1.”
Dans le décor apocalyptique d'une Allemagne qui s'effondre moralement, militairement et physiquement, deux êtres unis par un amour subit vont vivre quelques instants de bonheur.
La force de ce film est de ne pas défendre une thèse.
Sirk nous épargne les habituelles théories antimilitaristes.
Pourtant, nous sommes extraordinairement concernés par cette guerre, machine folle qui broie tout.
Remarquablement joué et dirigé, avec la tendresse d'un grand auteur, Le Temps de vivre et le Temps de mourir est une œuvre belle et douloureuse, à ne pas manquer. »