Réalisé en 1964 par Paradjanov, "Les chevaux de feu" brillent pour l'inventivité incroyable de la mise en scène et la poésie de ses images, d'une beauté absolue.
L'histoire racontée n'est que peu intéressante (une sorte de "Roméo et Juliette des Carpates" comme on le lit souvent) et le film aurait sans doute mérité de se détacher davantage de cette trame narrative pour ne nous présenter que ces tableaux mouvants, magnifiant la nature et retranscrivant les pensées et les sentiments des personnages (comme ce sera le cas plus tard avec "Sayat nova", LE chef d'oeuvre de Paradjanov).
Mais il y a ici bien assez de matière pour en prendre plein les mirettes
et rester ébloui pendant 1h30.
La mise en scène se révèle ainsi d'une richesse incroyable exploitant au maximum la grammaire cinématographique (angles de prise de vue, mobilité de la caméra, alternance plongées/contre plongées, couleur/noir et blanc, ralentis et arrêts sur image,...). On ressent devant ce film la volonté presque hallucinée de créer du nouveau, de chercher de différentes manières à atteindre la beauté pure. D'où un rythme incroyable (surtout dans la première moitié du film) porté par une caméra extrêmement mobile, tournoyant en tous sens (ce qui rappelle beaucoup le travail de Kalatozov dans "Soy Cuba", film atteint de la même fièvre créatrice). Le film pourrait s'étaler sur des heures tant l'image est belle (travail remarquable sur la couleur), mais la caméra ne s'attarde jamais et cherche continuellement à saisir de nouveaux instants de magie, même lorsqu'elle les trouve. On pourra peut-être tiquer sur la bande son omniprésente et parfois étouffante, mais ce serait vraiment faire le difficile: les films emplis d'une telle poésie se font beaucoup trop rares