Un automate, c’est au premier abord un objet privé de toute vie, un appareil mécanique et inerte. Il exécute un programme destiné à imiter les mouvements d’un corps animé. Dès qu’il se meut, sa poésie survient : illusion de vie, illusion d’émotions. Chacune des pièces du cycle propose une variation sur cette thématique, comme autant de regards portés sur un même objet sous des angles différents.

Automate V (2025 – en cours)

Structure scénique pour interprète, électronique et lumière

Durée variable

Ce projet marque une nouvelle étape dans mon cycle Automate — une étape scénique, visuelle, presque théâtrale.

À la frontière entre concert et installation, Automate V est pensé comme une structure sonore inspirée du théâtre d’ombres et de la marionnette. Un dispositif que l’on regarde, que l’on écoute, mais aussi que l’on manipule, ou qui manipule.

Ce travail est né d’une visite au musée de la marionnette à Lyon. J’y ai découvert des formes très variées de marionnettes, venues de différentes cultures, mais toutes animées par le même désir : donner vie à un objet pour raconter quelque chose du réel.

Qu’elles soient à fil ou à tige, les marionnettes brouillent les frontières entre le corps et l’objet, entre le vivant et l’inanimé. Elles m’amènent à m’interroger sur notre propre condition : agissons-nous librement, ou sommes-nous guidés par des forces extérieures ? Qui tient les fils ?

Bord de feu (2025)

Pour violoncelle et électronique

Durée : 8 min

Tentative de capture d'une scène discrète et instable.

Automate IV (2023)

Pièce acousmatique - Commande INA GRM Durée : 12 min 30

Dans la grande famille des automates nous pouvons inclure les horloges et les marionnettes à fil. Une horloge mesure le temps alors que la marionnette défie les lois de l’espace et du temps.

J’ai pensé cette pièce autour d’un fil — au sens propre comme au figuré. Lors des expérimentations autour de la harpe pour Automate III, j’ai fixé un crin d’archet sur une corde de la harpe : un son est né, fragile et tendu, qui est devenu l’idée sonore centrale de cette pièce. Je me suis également inspirée de la figure des Parques de la mythologie grecque : 3 divinités qui ont pour rôle de fabriquer, dérouler, et trancher le fil du destin d’un homme. J’ai souhaité représenter quelle serait la nature de ce fil : d’origine naturel ou synthétique, métal étiré en longueur, fin, épais, fluide, ou fait de nœuds, etc. Et également quelle serait sa fonction ? Un fil qui manipule l’homme / la marionnette mais qui est nécessaire à son animation, un fil comme destin, un fil qui fait lien et relie aux autres, ces mêmes liens qui peuvent être synonymes de contrainte et d’attache.

Automate II (2022)

Pour harpe et ensemble

Durée : 7 min

Deuxième volet du cycle, Automate II transpose l’univers d’une boîte à musique — déjà esquissé dans Automate I — dans un espace purement instrumental. Sans le soutien de l’électronique, l’ensemble devient lui-même une mécanique, un engrenage collectif où chaque instrument est pris dans un système d’actions précises, répétitives, rigides. La harpe y tient un rôle central : à la fois moteur et prisonnière de cette machine orchestrale.

Cette pièce interroge la manière dont le geste instrumental, au-delà du son, peut incarner l’automate — son absence de volonté, son rythme implacable, et aussi sa poésie. Dans cette mécanique en tension, des tentatives de souplesse émergent, comme des fragments d’humanité cherchant à se frayer un passage.

Bubbles (2024)

Pour percussion et électronique

Durée : 8 min

Composée dans le cadre de l’académie ManiFeste proposée par l’Ircam et jouée par l’ensemble BL!NDMAN, cette pièce est écrite pour le court métrage Bubbles (1922) de Max Fleischer. Elle souligne la dualité entre l’image filmée du réel et l’image dessin animé, gardant l’esprit léger et joueur du personnage et son dialogue avec la bulle. La poésie survient de ce passage du réel au fictif et à tous les possibles dus au dessin.

Avec la participation de Yi Hsuan Chen (percussion), Fiona Feeley (violoncelle), Anne-Sophie Pannetier (Harpe), Elouan Quelen (percussion), Floréal Dervin (piano), Chloé Fesneau (alto), Valentin Jouanny (violoncelle), Clément Roger (contrebasse), Alexandre Craman (composition).

Remerciements tout particulier aux bricoleurs d’Automate V pour Yi Hsuan, Clara, Alexandre, Sylvie et Guillaume