INSTITUT LUMIERE : CYCLE ANNA MAGNANI *
Rome, ville ouverte
de Roberto Rossellini (Roma città aperta, Italie, 1945, 1h43, N&B)
Don Pietro (Aldo Fabrizi), curé romain, cache des résistants, dont un imprimeur sur le point d’épouser une jeune veuve du quartier, Pina (Anna Magnani). Mais la Gestapo veille… Le chef-d’œuvre de Rossellini sur la résistance romaine qui fit de Magnani une star. Tourné aux lendemain de la fin de la guerre, un film important dans l’histoire du cinéma et une inspiration capitale pour les cinéastes de la Nouvelle Vague.
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« J’ai compris que je n'étais pas née actrice. J'avais seulement décidé de le devenir au berceau, entre une larme de trop et une caresse de moins. Toute ma vie, j'ai crié à cause de cette larme, j'ai supplié pour cette caresse. » Cette douleur et ce manque accompagnent Anna Magnani (1908 -1973) depuis l’enfance. Sa mère l’a abandonnée et confiée à ses grands-parents, elle ne connaîtra l’identité de son père que bien plus tard. Elle transformera ce trauma fondateur en exubérante soif de jouer et de vivre.
Dans sa carrière, il y a un avant et un après Rome, ville ouverte (1945). Jusque-là, la comédienne a écumé les scènes italiennes, imposant son abattage, son naturel et son franc-parler. Elle débute au cinéma dans des seconds rôles, qui, peu à peu, sa présence aidant, gagnent en importance. Mais c’est le film de Roberto Rossellini qui la consacre tragédienne du peuple, faisant d’elle une mamma courage, symbole du sacrifice des épouses et mères italiennes. Dès lors, le succès ne se dément pas : elle devient la diva romaine, entière dans ses rôles – et entière dans sa vie, péripéties amoureuses comprises, comme en témoigne sa liaison orageuse avec Rossellini.
Cheveux de jais, qu’elle décoiffe d’un geste de lassitude ou de colère, verbe haut et liberté de parole totale, elle impose sa vérité de femme tour à tour jalouse, séductrice, blessée ou sûre d’elle (ou tout à la fois) pour les plus grands : Luchino Visconti (Bellissima, 1951), Jean Renoir (Le Carrosse d’or, 1952), Pier Paolo Pasolini (Mamma Roma, 1962), Federico Fellini (Fellini Roma, 1972). Entre-temps, elle a conquis l’Amérique, devenant la première actrice de langue natale non anglaise à remporter l’Oscar, pour La Rose tatouée, d’après Tennessee Williams (Daniel Mann, 1955).