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Métaux rares : la guerre en Ukraine risque de miner la transition écologique Par Hortense Chauvin 25 avril 2022 à 14h13
Mis à jour le 4 novembre 2022 à 17h42 Durée de lecture : 7 minutes
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La Russie et le Donbass détiennent d’importantes réserves de nickel, de cobalt et de lithium nécessaires aux véhicules électriques, aux éoliennes et aux panneaux solaires.
Gavin Harper, spécialiste des matériaux critiques et stratégiques, chercheur à l’université de Birmingham craint que la guerre ne réduise leur disponibilité, au détriment de l’Europe, où la demande continue à grossir.
La Russie, rappelle-t-il, produit 37 % du palladium et 12 % du platine mondiaux.
Ces métaux sont utilisés pour confectionner des catalyseurs (qui permettent de diminuer le taux de polluants dans les gaz d’échappement des véhicules, notamment hybrides) et des électrolyseurs (utilisés pour produire du carburant hydrogène « vert »).
La Russie représente également 10 % de la production mondiale de nickel, l’un des composants des batteries des voitures électriques.
À elle seule, elle comble 20 % des besoins européens en la matière.
Avec 4 % des parts de marché, la Russie fait partie des principaux producteurs de cobalt (un autre ingrédient des batteries des voitures électriques).
Moscou exploite également du cuivre et de l’aluminium, dont sont gourmands les panneaux photovoltaïques et les turbines éoliennes.
La région du Donbass, en Ukraine, possède quant à elle des réserves gigantesques de lithium, « l’or blanc » indispensable aux batteries des voitures électriques.
Ces gisements avaient attiré l’attention d’une entreprise australienne, European Lithium, qui prévoyait de les mettre à disposition du marché européen. Ce projet est désormais à l’arrêt.
La difficulté est que, en raison du besoin de décarbonation rapide de notre société, la demande pour ces matériaux augmente à un rythme extraordinaire que l’offre ne peut pas toujours suivre explique Gavin Harper.
Une étude de l’université catholique de Louvain publiée le 25 avril 2022 formule des craintes similaires.
D’ici 2050, ses auteurs estiment que la demande européenne en lithium devrait augmenter de 3 535 %, celle de cobalt de 331 %, celle de nickel de 103 %, celle de cuivre de 35 %, et celle d’aluminium de 33 %.
À la suite de l’invasion de l’Ukraine, il devient pressant pour l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. »
Si elle ne parvient pas à les sécuriser, le continent pourrait selon leurs estimations se retrouver en situation de « vulnérabilité » aux alentours de 2030.
L’Europe est également tributaire de la Chine.
La production d’un nombre important de minerais critiques et stratégiques est aujourd’hui concentrée entre ses mains.
Elle détient également un quasi-monopole sur certains produits finis, comme les aimants aux terres rares.
Si la Chine décidait de fermer le robinet d’exportation, l’Europe pourrait se retrouver dans une situation « très difficile ».
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